L'Ardèche et Viviers

Publié le par Vito

 

Quoi de mieux que de prendre la route peinards, à rebrousse-bouchons, le dernier jour du pont de l'Ascension ? 

C'est ce que nous avons fait, arrivant ainsi sans problème à Neyrac-les-Bains, halte du soir paisible, le long de l'Ardèche.

A la sortie d'Aubenas, le lendemain, nous allions le nez au vent quand un panneau indiquant le chateau de Vogüé nous fit de l'œil. Trop tard. Nous avions dépassé l'intersection. Qu'à cela ne tienne, barre à droite à l'intersection suivante.

C'est ainsi qu'une route minuscule nous permit de découvrir St Maurice d'Ibie, fort joli petit village, et les gorges de l'Ibie, affluent de l'Ardèche. L'une suivant l'autre, la route et la rivière nous amenèrent ensuite à Vallon-Pont-d'Arc.

Et là, oublié, Vogüé. La route touristique des gorges de l'Ardèche nous tendait ses 29 kilomètres et ses 11 belvédères. Trop tentants...

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D'un belvédère à l'autre, nous avons donc accompli une sorte de pélerinage vertical au-dessus de la rivière. En souvenir des quelques années, un peu lointaines, où la descente était au programme de nos étés.

Avec un groupe de potes, nous constituions une escadre d'une dizaine de canoës, embarquant ce qu'il fallait de nourriture et de liquides divers pour tenir trois jours, soit deux nuits à la belle étoile, avec feux de camp, grillades et chansons.

L'Ardèche et Viviers
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Nous avions constaté que la descente, avec ses quelques rapides, permettait un excellent test de la solidarité des couples.

Personnellement, j'ai ainsi entendu une pagaie siffler à mes oreilles, alors que j'expliquais pour la cent-cinquantième fois au Matelot (avec un brin d'agacement, je l'avoue) que dans un canoë, l'équipier avant est le moteur, et doit, à l'approche du rapide, pagayer à donf', mais surtout pas se figer dans une immobilité contemplative.

Bref, le bon plan 'rapides' était de passer en tête (ainsi, pas de commentateurs narquois de vos figures libres) et de s'arrêter une fois le rapide passé (pour commenter avec l'hilarité requise le passage des nouveaux arrivants).

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Puis vint une année où, un matin, au réveil, en ouvrant les yeux, on vit en gros plan une paire de rangers bien cirées. Avec un gendarme planté dedans.

Les gorges étaient devenues Réserve Naturelle, et le camping sauvage y était désormais interdit. Fin du game.

Le temps de vous raconter ça, Vito est arrivé à Saint Martin d'Ardèche. Et commence à remonter le long du Rhône jusqu'à Viviers, étape du soir.

L'Ardèche et Viviers

 

Viviers fait partie de ces villes, vous en connaissez sûrement vous aussi, que l'on traverse des dizaines de fois, dans un sens ou dans l'autre, en se disant à chaque passage : un jour, faudra qu'on s'arrête !

Pour Viviers, et pour ce qui nous concerne, ce jour de gloire est arrivé. Passage à l'Office du Tourisme, pour réunir les documents indispensables au plan de bataille du soir, puis installation au camping local. Accueil chaleureux.

Le (seul) camping de Viviers se situe dans un triangle dont deux côtés sont occupés par la D86 et la voie ferrée, lesquelles longent le Rhône. Le troisième côté est occupé par l'Escoutay, modeste affluent du fleuve, presque à sec.

Au matin, bilan : l'Escoutay est parfaitement silencieux, lui. La D86 est très fréquentée, même nocturnément, par les poids-lourds. Et qu'il est interminable, le ta-tam, ta-tam, ta-tam de ces longs et lents trains de marchandises qui vont et viennent dans le noir... 

Nonobstant cette nuit animée, nous étions de bonne heure et de bonne humeur devant la chapelle N-D du Rhône, prêts pour un petit cardio-training avec l'ascension vers le quartier canonial.

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La porte de l'Abri passée, on emprunte vers la gauche le chemin de ronde, pour arriver bientôt à la cathédrale Saint-Vincent, qu'on aborde par le fantastique chevet. On le contourne pour rejoindre l'entrée, en se glissant sous la tour-porte Saint-Michel. 

Edifice roman, le cathédrale consacrée en 1119 par le pape Calixte II possédait un chevet en cul-de-four à chapelles rayonnantes. C'est l'évêque Claude de Tournon (1498-1542) qui entreprit de la doter de son impressionnant chœur gothique flamboyant.

Elle traversa les guerres de religion avec son quota de destructions. Les travaux de réhabilitation commencèrent en 1598, mais c'est seulement en 1758 que la très belle voûte en pierre remplaça les lambris installés faute de moyens.

Le maître autel en marbre blanc incrusté de marbres polychromes date de 1727. Il manque une des tapisseries des Gobelins, en laine et soie, qui ornent le chœur : la Cène, volée et jamais retrouvée.

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La Tour Saint-Michel était au départ une porte d'entrée monumentale percée à travers le mur d'enceinte du quartier canonial (XIe s). On la suréleva pour en faire un clocher (XIIe s). C'est au XIVe que le dernier étage, fortifié, rejoignit l'ensemble. Qui rappelle que Viviers était alors une puissante cité épiscopale.

Ballade agréable sur l'esplanade, qui permet, du haut des remparts d'admirer, à l'Ouest, la ville, blottie à leur pieds, d'où émerge la grande bâtisse du séminaire, et vers l'Est, le Rhône à l'entrée du défilé de Donzère.

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Nous sommes redescendus par les rues étroites, stoppant ici et là devant les maisons et hôtels remarquables de la cité, qui attestent de sa grandeur passée, du temps où elle était la capitale du Vivarais.

La construction la plus étonnante est sans conteste la Maison des Chevaliers. Propriété d'un certain Noël Albert qui avait fait fortune dans le commerce du sel sur le Rhône, et qui voulait apparemment que ça se sache. 

Superposition des ordres dorique, ionique et corinthien, médaillons à visages encadrant un blason surmonté d'un heaume au premier étage, combats de chevaliers sur le bandeau du deuxième, rinceaux de feuillages au troisième.

Un mot de plus sur Noël Albert : bailli de l'évêque, il tourna casaque, devint protestant et à ce titre pilla la cahédrale ! Après d'autres tribulations, il commit finalement l'erreur de s'opposer au roi, fut arrêté, et conduit à Toulouse où le billot l'attendait.

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Vaste bâtisse, le séminaire accueille toujours des groupes. Devant son entrée, une statue de Charles de Foucault rappelle son destin peu commun : successivement officier de l'armée française, explorateur et géographe, puis religieux catholique, ordonné prêtre ici même en 1901, ermite et linguiste.

Le marché se terminant sur la place de la Roubine, Vito a pu rejoindre pour déjeuner le port de Viviers, qui accueille les plaisanciers, mais aussi les immenses bateaux de croisière fluviale tel l'A Rosa Luna, présent ce jour là. Immatriculé en Allemagne, mais basé à Lyon, il croise au gré de ses programmes entre Châlons-sur Saône et Avignon... 

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